Le Moulin du Diable
Le Moulin du Diable de Ferrette (Alsace 68)
A l’entrée d’une gorge du Haut-Sundgau que la légende ne situe pas plus mais que l’on peut placer dans le canton de Ferrette, se trouvait, autrefois, un moulin et, non loin de lui, un ermitage.
Le meunier était avide, malhonnête et impitoyable envers les pauvres. L’ermite était un vertueux vieillard vénéré par tous. Les gens du pays excédés par la cruauté du meunier demandèrent à l’ermite d’intervenir en leur faveur. Le vieil homme se rendit alors au moulin et invita le meunier à se montrer plus charitable. Celui-ci nia toutes les accusations portées contre lui.
Un soir, un inconnu, vêtu d’un habit vert et coiffé d’un chapeau orné d’une plume de coq, entra au moulin. Il appela le meunier et s’enquit du chemin le plus court pour se rendre au village voisin. Puis il disparut. Et le meunier, effrayé par le regard terrifiant de l’étranger, comprit qu’il venait de rencontrer le diable.
Epouvanté par cette apparition, il s’en alla aussitôt consulter le sage ermite. “Ne crains rien, lui dit-il ; deviens plus honnête, et Dieu t’aidera”.
Le meunier suivit ce conseil, mais très vite il redevint dur, violent et brutal. Et un jour sans raison apparente, la roue du moulin s’arrêta de tourner.
Affolé, le meunier retourna voir l’ermite.
“Je t’en conjure, le supplia-t-il, sois juste, ou tu seras damné !”
Cette fois, le meunier promit tout ce que voulut l’ermite. et quand il regagna son moulin, la roue recommença à tourner. Quelques semaines encore, il se montra honnête ; puis il reprit ses mauvaises habitudes.
Un soir, l’ermite vit le diable rôder autour du moulin. Il avertit le meunier. La meule se mit à produire une farine toute noire. Devant cet avertissement du ciel, le meunier s’améliora de nouveau. Mais cela ne dura pas.
Une fin d’après-midi alors qu’il versait sur la meule un sac de blé dont il voulait injustement garder la moitié pour lui, l’homme vert -le diable- se présenta. Rapide comme l’éclair, il attrapa le meunier par les pieds, le jeta dans le conduit au grain, et la meule le broya.
Le diable s’en alla, le moulin continua de tourner. Quand tout le grain fut moulu, la meule fit jaillir des étincelles qui allumèrent l’incendie, et le moulin brûla complètement.