Le mystère de la source de la Fosse Dionne.
Le mystère de la source de la Fosse Dionne, entre légendes d’un autre temps et tentatives d’exploration.
La ville de Tonnerre, dans l’Yonne, héberge en son sein un lieu étrange et fascinant, la Fosse Dionne. Entouré de mystères, cet ancien lavoir aux eaux d’un bleu profond est la source de plusieurs mythes et légendes, mais également le théâtre de plusieurs tentatives d'exploration. Où se trouve la source de la Fosse Dionne, aménagée en lavoir en 1758, à Tonnerre, par le père du chevalier d’Eon ? Une question qui n’a, à ce jour, pas trouvé de réponse. Autour de ce mystère ont fleuri, au fil des siècles, mythes et légendes. Mais la source mystérieuse, classée monument historique depuis 1920, a également été le théâtre d’événements tragiques bien réels, lors de tentatives d'exploration.
Légendes (ou Mythe)
Les sous du diable
En l’an 700, le petit Pierre rencontra un cavalier noir qui lui demanda s’il connaissait une source pour y faire boire sa monture. Le petit Pierre lui indiqua la Fosse Dionne. En partant, le cavalier perdit une grande quantité d’argent au sol et Pierre s’en empara. Le petit Pierre dépensa ce trésor malhonnêtement récupéré, mais rien ne se passa selon son souhait.
Les fleurs qu’il acheta se fanèrent, un mendiant refusa son aumône, les friandises qu’il offrit à ses amis leur donnèrent des coliques… Désespéré, il se rendit à la Fosse Dionne où l’attendait, tapis dans l’ombre, le cavalier noir. Pierre jeta ses sous dans la source avant de s’y noyer, mais l’évêque saint Pallade le sauva. Cependant, au fond de la source, les sous du diable accusaient encore l’enfant. L’évêque les recouvrit de son manteau, donnant à l’eau sa couleur d’un bleu profond. Le cavalier en colère sauta alors depuis le clocher de l’église Saint-Pierre et creusa un puits profond au fond du bassin.
Saint Jean et le Basilic
Saint Jean de Réome se creusa une cellule dans les rochers de Tonnerre. Mais on le prévient que dans le fond de la vallée, où se trouvait le marais de la Dionne, un Basilic (serpent légendaire) causant la misère des habitants vivait dans un puits. Saint Jean décida de creuser à l’endroit où se trouvait le serpent. Une source jaillit et le Basilic fût tué. Dans d’autres légendes, la Fosse Dionne serait l’entrée de l’enfer ou aurait abrité un serpent basilic, dont le regard avait la faculté de tuer.
Le manteau de la Vierge
À une époque où la Fosse n’existait pas et où l’eau de la source coulait de la falaise en un bourbier jusqu’à l’Armançon (donnant son nom au quartier Bourberault), une pauvre jeune fille marchait dans la nuit. Elle sentit une présence, celle d’un homme qui, lorsqu’elle accélérait le pas, faisait de même.
Au moment où la main du diable s’abattait sur son épaule, la jeune fille implora la Vierge de lui venir en aide. La Vierge apparut dans un grand manteau émeraude qu’elle étala devant la jeune fille. Un vaste cratère rempli d’eau pure s’ouvrit alors sous la falaise et la Vierge y entraîna la jeune fille, la sauvant du diable. Et colora, par ce manteau, le fond de la Fosse Dionne ainsi créée.
Réalité (ou Mythe)
Selon l’association locale La Belle Armançon, la Fosse Dionne serait la deuxième plus longue percée hydrogéologique de France, après la fontaine du Vaucluse. La source aurait tant intrigué les habitants qu’ils l’auraient qualifiée de “divine”, d’où son nom, et l’imaginaient sans fond.
L’eau serait en réalité issue, d’une part, d’un impluvium et stockée dans des failles du calcaire et, d’autre part, de la rivière Laigne (Côte-d’Or et Aube) “par un parcours souterrain encore inconnu de plus de 40Km à vol d’oiseau”.
Plongées en eaux troubles
C’est en 1955 que l’on documente la première tentative d’exploration réalisée par des spéléologues avec des scaphandres autonomes. Mais en 1962, alors que des plongeurs atteignent les 32 mètres de profondeur, deux d’entre eux trouvent la mort. En 1979 et 1989 le record de profondeur est par deux fois battus, les plongeurs descendant jusqu’à 70 mètres de profondeur, à 370 mètres de l’entrée.
Mais en 1996, un nouveau décès provoque l’interdiction des plongées. Depuis 2018, l’exploration de la Fosse Dionne a pu reprendre et le plongeur professionnel Pierre-Eric Deseigne est, à plusieurs reprises, descendu dans la Fosse Dionne. Mais le mystère de l’origine de sa source, lui, n’est toujours pas résolu.
Source : l’écho républicain.