Sérials Killers

Qui est Jack L’Eventreur ? (1er partie)

Jack l’éventreur

Nom : Inconnu.

Surnom : «Jack l’Eventreur» , mais aussi «Tablier de cuir», «La Terreur rouge», «L’assassin de Whitechapel».

Né en : Inconnu, Mais il devait avoir entre 25 et 40 ans au moment des meurtres.

Mort le : Inconnu.

Sans doute le plus célèbre de tous les tueurs en série. En 1888, il a assassiné cinq prostituées en quatres mois dans le misérable quartier de Whitechapel, à Londres. Il les a égorgées et mutilées avec une violence rare, et s'est réellement déchainé sur sa dernière victime, qu'il a mise en charpie. Malgré le long travail de la police, il n'a jamais été arrêté. Les théoriques les plus folles courent encore sur son identité, et passionnent des centaines de «Ripperologues». D'innombrables livres et films ont été produits à sujet, offrant chacun "La" Solution de l'enigne... qui ne sera sans doute jamais connue.  

(Ce portrait est assez difficile à établir pour moi car il existe de nombreuses informations sur le sujets et souvent bien divergentes et contradictoire)

Informations personnelles

Durant l’air Victorienne, l’est de Londres (East End) était un endroit à part de la ville, un ghetto tant économique que social. 900 000 personnes vivaient dans des taudis infâmes.
Les troupeaux de moutons étaient menés à travers les jusqu’à l’abatoir et le sang coulait directement dans les ruelles. On marchait dans les excréments. Les ordures et les eaux d’égout engendraient une odeur horrible. Les familles vivaient souvent à 8 dans une chambre et les célibataires dans des hospices ou des asiles de nuit surpeuplées, dans des conditions déplorables.

La plupart des habitants de l’East End ne travaillaient qu’occasionnellement et étaient mal payés, ou étaient chômeurs de longue date, ou encore criminels. Ils vivaient au jour le jour, et lorsqu’ils travaillaient, avaient souvent des emplois épuisant et mal rémunérés. plus de la moitié des enfants mourraient avant l’âge de 5 ans. Beaucoup de ceux qui survivaient étaient mentalement ou physiquement handicapées. Des centaines d’orphelins étaient à la rue et certains finissaient dans des maisons closes. (A cette époques, la majorité sexuelle des jeunes files était fixé par loi à 13 ans. Certaines filières permettaient d’obtenir des fillettes vierges auprès de tenancières de maisons closes ou de respectables maquerelles indépendantes. Une visite et un certificat médical officiel garantissaient la qualité du «produit». «Attention, à l’époque Victorienne, on ne parlait pas encore de pédophilies, ni même de réseaux pédophiles, il était donc tout à fait normal qu’à cette époque qu’une fille à partir de 13 ans étaient «prostituée». Elles restaient là soit pour sortir de la misère, soit pour rembourser une dette qu’elle avait faite ou que ces parents avaient faites. j’en parleraient un peu plus longuement dans un autre articles parlant des maisons closes.»)

Les femmes étaient souvent exploitées mal payées et obligées de faire des heures supplémentaires. La prostitution était l’un des seuls moyens de survie pour une femme seule. Il permettait surtout de gagner, en une nuit l’équivalent d’une semaine de salaire d’une simple ouvrière. La police estimait qu’en 1888, il y avait 1200 prostituées à Whitechapel (pour 60 000 dans tout Londres) et 62 maisons closes, sans compter les femmes qui tentaient d’obtenir quelques suppléments à leur maigre salaire en se prostituant occasionnellement.

Les prostituées travaillaient directement dans la rue, sombraient très fréquemment dans l’alcoolisme et ne devaient qu’à la chance d’éviter les maladies vénériennes (la syphilis, notamment). Les souteneurs étaient nombreux et traitaient les prostituées avec mépris et violence. Elles risquaient également d’être agressées par des «gangs» de voleurs qui les frappaient avec des gourdins pour leur dérober leur argent.

Il existait environ 200 asiles de nuit logeant 9000 personnes. Les dortoirs étaient constitués de rangées de lits collés les uns aux autres, infestés de vermines et d’insectes. si une femme n’avait pas gagné assez d’argent pour se payer un lit pour la nuit, elle devait trouver un homme qui la laisserait dormir avec lui en échange de ses faveurs sexuelles. Ou alors, elle dormait dans la rue.

Un asile de nuit de Whitechapel

Les pogroms russes de la fin des années 1880 et l’expulsion des Polonais de Prusse avaient provoqué une vague d’immigration de l’Europe de l’Est vers Londres. Beaucoup de immigrants étaient Juifs et s’installèrent à Whitechapel parce que les loyers étaient peu élevés. L’arrivée des Juifs eut des effets très bénéfiques sur le quartier, en améliorant les conditions sanitaires et la sécurité. Toutefois, malgré de nombreux efforts de renouvellement urbain et l’amélioration des conditions de vie entraînées par l’immigration juive, Whitechapel était toujours un quartier pauvre et criminel.
Dans la misère des habitations surpeuplées, dans les sombres ruelles étroites, le meurtrier de Whitechapel avait trouvé l’endroit parfait pour tuer.

Assez curieusement, les meurtres de l’Eventreur eurent des conséquences positives pour l’East End. Comme l’explique Stéphane Bourgoin (Le livre rouge de Jack l’Eventreur) : «Les forfaits servirent de catalyseurs pour unifier l’action des réformateurs de tous bords, grâce à la pression de l’opinion publique, horrifiée des descriptions contenues la presse dur la vie de Whitechapel».
Les rues, d’habitude si sombres que l’on n’y voyait quasiment rien, furent beaucoup mieux éclairées par de nouveaux lampadaires. Les taudis sordides furent démolis à partir de 1889 et des logements neufs furent reconstruits. Les enfants orphelins ne furent plus laissés à la rue et l’on vota des lois pour qu’ils soient protégés.
Toutefois, l’East End resta encore un quartier pauvre et dangereux durant des décennies.

Avant le premier meurtre «officiel» de Jack l’Eventreur, les habitants de Whitechapel entendirent parler d’autres meurtres et agressions de femmes dans le quartier.
Il est difficiles de savoir si ces meurtres ont bien été commis par l’Eventreur, mais dans l’ésprit des habitants, tous ces crimes étaient liées.

Whitechapel Alley

Ainsi, le 2 avril 1888, Emma Smith, une prostitué de 45 ans, fut agressée vers 19h. Elle fut frappée à la tête, violée et un objet pointu fut introduit en elle. elle mourut d’une péritonite 4 jours plus tard. Elle expliqua à sa logeuse que plusieurs hommes l’avaient attaquée et violée.

Le 7 août 188, une prostituée de 37 ans, Martha Tabram, fut assassinée sur le palier du George Yard Building, vers 2h30 du matin. Selon le rapport d’autopsie du Dr Timothy Killeen, elle fut poignardée 39 fois dans la poitrine, le ventre et le bas ventre avec un couteau? son cou n’avait pas été tranché et son abdomen n’était pas mutilé. A l’exeption d’une blessure infligée par un grand couteau ou une baïonnette, elle avait été poignardée avec une sorte de canif.

Les habitant de Whitechapel pensèrent que ces agressions étaient liées, mais Martha Tabram avait été tuée sans raison, sûrement par un seul homme, alors qu’Emma Smith avait été attaquée par plusieurs hommes qui voulais la voler. Et la nature des blessures était différente. Seule le meurtre de Martha Tabram pourrait être l’oeuvre de Jack l’Eventreur.

Crimes

Le premier meurtre «officiel» de Jack l’Eventreur fut commis quelques semaines plus tard.

Buck’s Row

Le 31 août 1888, un ouvrier nommé Charles Cross marchait dans le quartier de Whitechapel peu avant 4h du matin. Il faisait très sombre, le temps était froid et humide, et le coin était quasiment désert. Dans une ruelle, Buck’s Row, Cross aperçut quelque chose ressemblant à une bâche étendue sur le sol, devant une cour. Intrigué, il s’approcha et réalisa que c’était en fait une femme, dont la robe était relevée jusqu’à la taille. Il pensa que la femme était saoule ou avait été agressé, mais il n’y voyait pas grand-chose. comme un autre homme passait par là, il lui demanda de l’aider à la remettre debout, mais ils n’y parvinrent pas. Craignant qu’elle ne soit morte, ils rabaissèrent sa robe sur elle, par pudeur, puis cherchèrent un policier.
Ils en trouvèrent un, Jhon Neil, qui faisait sa ronde. Il éclaira la femme de sa lanterne et vu qu’elle avait été égorgée, presque décapitée. Ses yeux étaient grands ouverts. Ses mains étaient froides, mais ses bras étaient encore chauds. Elle avait été tuée peu de temps auparavant. Neil appela un autre policier qui chercha un médecin dans les environs.

Puis Neil réveilla les habitants du quartier pour leur demander s’ils avaient entendu quoi que ce soit d’étrange, sans résultat. Le Docteur Rees Llewellyn arriva peu après et examina le corps de la femme. Comme l’avait supposé Neil, elle était morte moins d’une demi-heure avant qu’on ne la découvre, peut-être quelques minutes après le passage de la 1ére ronde de Neil. Bien qu’il y ait peu de sang sur le sol, elle avait été tuée là où on l’avait trouvée. Son sang avait imbibé ses vêtements.
Le Docteur Llewellyn fit porter son corps à la morgue d’Old Montague Street afin l’examiner plus en détail. Lorsqu’il arriva à Old Montague, le corps de la femme avait été lavé, malgré les ordres de la police. Le cou de la victime avait été coupé deux fois, violemment, sectionnant sa trachée et son œsophage. Son abdomen avait été mutilé, sans doute avec un grand couteau. Il présentait une blessure longue et profonde ainsi que d’autres coupures plus bas. La femme avait également été frappée à la mâchoire.

Selon Philip Sugden (dans « The Complete History of Jack Ripper »), cette femme était allongée sur le sol, sans doute inconsciente (peut-être déjà morte), lorsque ces blessures lui avaient été infligées : le sang formait une petite flaque sous son cou et le reste avait été absorbé par le dos de ses vêtements. Si elle avait été mutilée alors qu’elle était debout, il y aurait eu du sang partout, devant elle, sur les murs, sur sa poitrine.
Tout ce qu’elle possédait sur elle était un peigne, un petit miroir cassé et un mouchoir. Ses jupons avaient été achetés à la « Lambeth Workhouse » (un asile de pauvres). Elle portait des vêtements bon marché et un chapeau de paille noir. Ses cheveux étaient bruns grisonnants et il lui manquait plusieurs dents de devant.

Article de Police News sur Mary Ann Nichols

Une enquête fut ouverte au « Whitechapel Working Lad’s Institute » (un institut pour jeunes travailleurs), menée par le coroner Wynne Baxter (un officier civil). Ce dernier entendit parler d’une « Polly » vivant au 18, Thrawl Street, qui n’était pas rentré chez elle. Une femme de la Lambeth Workhouse identifia la femme décédée comme étant Mary Ann Nichols, 42 ans, puis son père et son époux vinrent l’identifier à leur tour.
« Polly » était la fille d’un serrurier et avait épousé William Nichols, avec qui elle avait eu cinq enfants. Mais ses problèmes avec l’alcool avait détruit son ménage et, depuis des mois, elle survivait en se prostituant. C’était une femme triste et pauvre, mais les gens l’aimaient et la prenaient en pitié. Elle avait voulu dormir dans asile de nuit situé sur Thrawl Street, mais comme elle ne pouvait pas payer son lit, le gardien l’avait chassé. Elle était retournée dans la rue pour gagner quelque argent.

La sauvagerie de ce meurtre suscita l’effroi et l’indignation de la population… et l’intérêt de la presse.
Les meurtres de prostituées n’étaient pas rares à Whitechapel, mais les mutilations brutales l’étaient.

Scotland Yard confia la responsabilité de l’enquête à l’Inspecteur principal Donald Swanson.

L’inspecteur Abberline

Il dépêcha sur les lieux un inspecteur de 45 ans, Frederick George Abberline, qui travaillait depuis 25ans dans la police et connaissait bien Whitechapel.
Il n’y avait aucun témoin, aucune arme, aucun indice.

Aucun des résidents de la rue n’avait entendu de bruit et aucun des hommes qui travaillaient dans le coin n’avait remarqués quoi que ce soit d’inhabituel. Bien que « Polly » ait été découverte peu après sa mort, aucun véhicule ou « étranger » n’avait été vu fuyant la scène du crime. On soupçonna un moment trois équarrisseurs de chevaux qui travaillaient non loin, mais il fut rapidement prouvé qu’ils n’y étaient pour rien.

Comme les habitants de Whitechapel étaient persuadés que l’agression d’Emma Smith et les de Martha Tabram et « Polly » Nichols étaient liés, la police dut faire face à une grande pression dès le départ. Il fallait absolument trouver le coupable. Il existait trois théories différentes :

  • un groupe de voleurs était responsable des meurtres ;
  • un gang qui extorquait de l’argent de prostituées avait « puni » trois femmes qui n’avaient pas payé ;
  • un fou était en liberté.

Si l’on considère la grande pauvreté des victimes, les deux premières théories étaient peu plausibles. La troisième devient donc la plus populaire.
Concernant les meurtres de Tabram et Nichols, le East London Observer écrivit que le tueur s’en était pris « aux plus pauvres des pauvres » et qu’il ne semblait avoir aucun mobile compréhensible. La grande violence des meurtres suggérait que les deux meurtres « étaient l’oeuvre d’un être dément ».

Sir Charles Warren

On demanda au préfet de Police, Sir Charles Warren, d’offrir une récompense pour la découverte de l’identité du criminel. Mais son supérieur, le ministre de l’Intérieur, Henry Matthews, n’avait aucune idée — à ce moment là — de l’ampleur du problème et refusa de proposer cette récompense. Il affirma qu’il faisait confiance à la Police pour appréhender le tueur.


Alors que la police cherchait l’assassin de Polly Nichols, une rumeur commença à courir au sujet d’un homme dénommé « Tablier de Cuir », qui avait volé plusieurs prostituées sous la menace d’un couteau. The Star affirma que cet homme était un fourreur juif d’environ 40 ans, portant un chapeau noir et une moustache. Les nouveaux venus, les étrangers, les Juifs étaient évidement les premiers visés par la rumeurs, car « aucun Anglais n’est capable d’un acte aussi barbare »…

Hanbury Street

Le 8 septembre 1888, John Davis, un vieil homme qui vivait avec son épouse et ses trois fils au 29 Hanbury Street, découvrit le corps d’une femme juste après 6h du matin, devant chez lui, de l’autre côté du marché de Spitalfiels, dans une petite cour. Sa robe avait été relevée au-dessus de sa taille et elle avait été éventrée. Il alla immédiatement chercher de l’aide et revint avec deux ouvriers. Le temps qu’un policier arrive sur les lieux, tout le monde avait été réveillé.

Toutefois, bien que le soleil se soit levé à 05h23 ce matin-là et que tant de personnes aient été présentes à cette heure matinale, personne n’avait entendu de bruit suspect, ni de cris, et personne n’avait vu qui que ce soit avec du sang sur ses vêtement ou un couteau à la main. Il y avait un baquet d’eau clair près de l’endroit où la femme avait été trouvée, mais le meurtrier ne l’avait pas utilisé pour se laver les mains ou nettoyer son arme.
Le risque qu’il avait pris, à tuer en plein jour, avec tout ce monde, était incroyable. Et pourtant, personne n’avait rien vu.


Dix-sept personnes habitaient là, dont 5 possédaient des chambres avec vue sur la scènes du crimes. Et certains avaient laissé leur fenêtre ouverte. Le marché de Spitafields ouvrait à 5h du matin et beaucoup de gens y étaient présent avant cette heure afin de préparer leurs étalages. Certains résidents du 29 Hanbury Street quittaient leur logement à 3h50 du matin pour aller travailler. Les rues autour du marché étaient remplies de véhicules commerciaux qui livraient leurs marchandises au marché.

La femme fut rapidement identifiée comme étant Annie Chapman, que ses amis appelaient « Annie la Sombre » (Dark Annie). Elle avait 47 ans, était prostituée, sans logis , dormait dans des asiles de nuit lorsqu’elle avait assez d’argent ou errait dans les rues à la recherche de clients qui lui donneraient quelques pièces pour se nourrir et se loger.
En 1869, elle avait épousé John Chapman, un Cocher. Des trois enfants qu’ils eurent, l’un mourut d’une méningite et un autre devint boiteux. La mauvaise santé et l’alcoolisme d’Annie et de son époux provoquèrent la fin de leur mariage. Les choses empirèrent lorsque John décéda, car Annie perdit alors le peu d’argent qu’il lui versait comme pension. Le choc émotionnel provoqué par sa mort fut aussi terrible que la perte financière et Annie Chapman ne s’en remit jamais.
Souffrant de dépression et d’alcoolisme, elle fit du crochet et vendit des fleurs. Puis, elle se tourna vers la prostitution, malgré son visage peu avenant et ses dents pourries. C’était une femme gentille qui évitait les problèmes.

Article sur le meurtre d’Annie Chapman

La vieille au soir, elle avait expliqué à une amie qu’elle se sentait mal. elle ne le savait pas, mais elle avait la tuberculose. Elle avait dit à son amie qu’elkle devait pourtant trouver des clients ou elle devrait dormir dehors cette nuit là.
Vers 2h du matin, le 8 septembre, un peu saoul, elle avait été chassée de l’asile de la nuit, car elle ne pouvait pas payer son lit.


Et John Davis l’avait donc trouvée morte quelques heures plus tard.

Le Docteur George Bagster Philips, un chirurgien travaillant pour la police, fut appelé sur les lieux. Il trouva le corps d’Annie, froid, allongé sur le dos, les jambes repliées. Son visage était enflé et elle avait été férocement égorgée, presque décapitée. Elle avait également été mutilée au niveau du ventre, certains de ses organes internes avaient été tirés vers ses épaules et reposaient sur le sol. Une grande quantité de sang avait coulé autour d’elle.
Le Docteur Phillips estima qu’Annie Chapman devait avoir été assassinée deux heures auparavant, vers 04h du matin. Le fait qu’aucun résident ne l’ai entendu crier pouvait s’expliquer par le fait qu’elle avait sûrement été étranglée jusqu’à ce qu’elle perde conscience, puis égorgée et mutilée.
Elle avait été tuée là où on l’avait trouvée et ne semblait pas s’être défendue.
Le meurtrier avait profondément coupé sa gorge de gauche à droite, sans doute pour la décapiter. C’est ce qui l’avait tué. Les mutilations abdominales avaient été faites après la mort.

On trouva aux pieds d’Annie deux petits peignes, un morceau de tissu et deux pièces de monnaie. Une enveloppe contenant deux pilules fut découverte non loin de sa tête. Sur le dos de l’enveloppe était écrit Sussex Regiment. La lettre « M » et, plus bas, « Sp », étaient écrits de l’autre côté. Le cachet de la poste indiquait « Londres, 23 août 1888 ». On trouva également un tablier en cuir à côté de détritus.

Le tablier de cuir
Ce tablier de cuir raviva les rumeurs sur le «fourreur juif» surnommé « Tablier de Cuir » et accusé de racketter les prostituées. Les Juifs durent faire face à une sorte d'hystérie collective, plusieurs furent frappés, poursuivis et durent se réfugier dans des commissariats de police. Lorsqu'un homme était arrêté pour être interrogé par les enquêteurs, la rumeur se rependait immédiatement et une foule en colère se rassemblait devant le commissariat, prête à lyncher le suspect. 

Lors de l’autopsie, le Docteur Phillips remarqua que l’utérus, la partie supérieur du vagin et le 2/3 de la vessie avaient été retirés. Le tueur les avait sûrement emmenés avec lui car ils ne furent trouvés nulle part. Les incisions étaient nettes et précises. Selon Phillips, c’était le travail d’un expert, ou au moins de quelqu’un ayant des connaissances en anatomie ou en examen pathologique (pas un équarrisseur ou un boucher). Le tueur savait où trouver ce qu’il voulait, quelles difficultés il allait devoir contourner et comment il devait utiliser son couteau pour extraire les organes sans les abîmer. Un tel travail avait dû demander au moins une heure, et en tout cas plus de 15 minutes (un témoin affirma avoir vu Annie Chapman vivante à 05h30 précise et son corps fut découvert à 06h00).
Selon le Coroner Baxter, l’assassin était sans doute « un habitué des salles d’autopsies».

Des abrasions sur la mains d’Annie indiquaient qu’on lui avait violemment enlevé ses bagues. Ses amis apprirent à la police qu’elle ne portait que des bagues de peu de valeur, que le tueur avait peut-être prises pour de l’or.

On ordonna à l’inspecteur Abberline, qui était chargé de l’enquête sur le meurtre de Polly Nichols, d’aider l’inspecteur Joseph Chandler, en charge de l’enquête sur le meurtre d’Annie Chapman, bien que Spitalfields soir dans une autre juridiction.
il semble que les enquêteurs pensaient tous que le même homme avait tué Polly Nichols et Annie Chapman.


L’enquête sur Chapman fut aussi frustrante que celle sur Nichols. Les indices physiques (le tablier en cuir, une boîte et un morceau de fer) appartenaient en fait à M. Richardson, l’un des résidents, et à son fils. L’enveloppe du Sussex Regiment était vendue à tout le monde au bureau de poste local. De plus, un homme avait vue Annie Prendre cette enveloppe dans la cuisine de l’asile de nuit pour y glisser ses pilules lorsque sa boîte s’était cassée.


Les enquêteurs discutèrent avec les amies et « collègues » d’Annie mais ne trouvèrent aucun suspect ni aucun mobile cohérent.

Toutefois, l’enquête permit de trouver trois témoins importants :

  • Le 1er, le fils de M. Richardson, expliqua qu’il s’était rendu au 29 Hanbury Street entre 04h45 et 04h50 du matin pour vérifier vérifier les cadenas de la cave dans lequel sa mère enfermait ses outils et ses marchandises pour son entreprise d’emballage. Il était là un moment et le corps d’Annie Chapman n’était là.
  • Le second témoin, Albert Cadosh, vivait juste à côté du 29 et témoigna du fait qu’il avait entendu des voix juste après 05h20. Le seul mot qu’il avait pu comprendre était « non ». Quelques minutes plus tard, vers 5h30, il avait entendu le bruit de quelque chose tombant contre la clôture.
  • Le 3éme témoin, le plus important, était Elizabeth Long, qui se rendait au marché de Spitalfiels et était passé par Hanbury Street à 05h30 précise. Elle avait vu un homme et une femme parlant à côté des volets du n°29. Mme Long identifia Annie Chapman à la morgue comme étant la femme qu’elle avait vue. Malheureusement, l’homme qui discutait avec Annie était de dos et Mme Long n’avait pas pu voir son visage.
    Elle le décrivit au Coroner Baxter comme un homme brun qui portait un chapeau de chasse marron et un manteau sombre. Selon elle, (et bien que l’ayant vu de dos…), l’homme avait une quarantaine d’années, n’était pas très grand et semblait être un « étranger ».

Ces témoignages était intéressants, mais posaient un problème à la police : le docteur Phillips, un homme en qui les enquêteurs avaient confiance, estimait qu’Annie Chapman était morte à 4h30 du matin. Mais les trois témoignages indiquaient qu’elle avait dû mourir vers 5h30. L’inspecteur Chandler choisit donc d’ignorer ces témoignages et de croire le Docteur Phillips.
L’auteur Phillip Sugden rejette l’estimation du Docteur Phillips, tout comme l’avait fait coroner Baxter à l’époque. Phillips avait estimé l’heure de la mort non pas grâce à la température intérieur du corps (prise dans le rectum ou le foie) mais en touchant le corps et en observant la « rigor mortis ».
Mais plusieurs facteurs auraient pu contribuer à une perte rapide de la chaleur du corps. Le matin du 8 septembre était froid; la robe d’Annie était relevé pour exposer ses jambes; son abdomen avait été complétement ouvert; et elle avait perdu beaucoup de sang. Selon ces éléments, Annie aurait été tuée après et non avant 4h30.

Les journaux en firent beaucoup pour attiser la peur et la colère des gens de l’East End (contre la police, particulièrement), se nourrissant de chaque rumeur. Les rues de Whitechapel, habituellement agitées, devinrent calmes le matin et presque désertes la nuit.

Comme on pouvait s’y attendre, la population n’acceptera pas la discrétion de la police et son manque de résultats. Le gouvernement lui-même fut critiqué parce qu’il persistait à ne pas vouloir offrir de récompense (le ministre de l’Intérieur avait eu de très mauvaises expériences auparavant, des innocents avaient été dénoncés par l’appât du gain). Les habitants de Whitechapel inondaient la police d’informations, de « tuyaux » sur des gens ayant un comportement étrange, violent ou « antisocial ».

Dans un mélange de peur aveugle et de rage, les habitants cherchaient un « bouc émissaire » et s’en prirent à la communauté juive grandissante.
Quelques éléments prirent des proportions inconsidérées dans les esprits simples des gens de Whitechapel. L’homme appelé « tablier de cuir », qui intimidait les prostituées, était juif. Le témoignage de Mme Long au sujet du meurtre d’Annie Chapman désignait un « étranger », le terme utilisé pour décrire les immigrés juifs. Ces deux faits et de nombreuses rumeurs non corroborées engendrèrent une atmosphère clairement antisémite dans le quartier. Plusieurs juifs furent passés à tabacs et se retrouvèrent à l’hôpital.

George Lusk

Les commerçants remarquèrent rapidement cette ambiance de plus en plus xénophobe et certains décidèrent d’y remédier. Le 10 septembre 1888, seize d’entre eux formèrent le « Comité de Vigilance de Mile End », qui fut d’abord composé de commerçants juifs, et fut présidé par M. George Lusk, dirigeant d’une petite société de travaux. Son nom fut imprimé sur les très nombreuses affiches placardées à Withechapel et encourageant à fournir des informations sur les meurtres.

En une semaine, la vie nocturne de Whitechapel retrouva son visage habituel. Trop de femmes dépendaient de la prostitution pour survivre et ne pouvaient se permettre de ne pas « travailler ».

Les habitants se plaignaient du manque de résultats de la police et pourtant les enquêteurs travaillaient énormément. Quelques jours après le meurtre d’Annie Chapman, le fameux « tablier de cuir », un certain John Pizer, fut arrêté.
La famille de Pizer essaya de le décrire comme un brave homme victime de rumeurs malveillantes, mais il existait des preuves montrant que Pizer était un personnage désagréable qui avait déjà poignardé quelqu’un auparavant et qui avait été condamné à 6 mois de travaux forcés.
Par contre, les allégations selon lesquelles il avait menacé des prostituées et leur avait extorqué de l’argent ne furent jamais prouvées. Le « East London Observer » le décrivit de manière subjective et tendancieuse comme un « homme au visage sombre », « laid », le visage « couvert par des mèches de cheveux , une grosse moustache et des favoris, les lèvres minces et cruelles», « un large coup », et pourtant « un grand manteau sombre »
Le coroner Baxter demanda à Pizer pourquoi il était allé se cacher après les de Polly Nichols et d’Annie Chapman, ce dernier répondit que son frère le lui avait conseillé, car « on me soupçonnait injustement ».
Pizer affirma qu’on l’aurait lynché s’il ne s’était pas éclipsé.
Pizer était déplaisant, mais n’était sûrement pas l’Eventreur. Il avait des alibis.
Les suspect étaient sélectionnés selon deux caractéristiques principales : ils devaient être fous (!) et avoir des qualifications en médecine. on interrogeait également les personnes d’origine étrangère, puisque Mme Long avait assuré que le tueur était « un étranger ».
La focalisation sur les connaissances médicales conduisit la police en dehors de Whitechapel, jusqu’aux classes moyennes et élevées de Londres, et le comportement curieux ou violent de plusieurs chirurgiens et médecins fut remis en question.

Berner Street

Le 30 septembre 1888, Louis Diemschutz, un commerçant russe juif, rentrait au Club International pour l’Education des Travailleurs (IWMC – un club socialistes d’Europe de l’Est), sur Berner Street, après avoir travaillé tard. Il était 1h du matin et, fans l’obscurité, il aperçut une allongée dans la cour d’entrée du Club, la Dutsfiels’s Yard. Il alluma une allumette et réalisa que c’était une femme. Diemschutz se précipita à l’intérieur du club et demanda à un jeune membre de l’aider. Ils ressortirent dans la cour et virent la femme était couverte de sang. Affolés, ils appelèrent la police.

Quelques minutes plus tard, le policier Henry Lamb arriva avec un collègue. Le visage de la femme était encore tiède, mais elle était morte. Il semblait qu’elle ne s’était pas battue avec son agresseur et ses vêtements n’étaient pas relevés. Le collègue de Lamb alla chercher un médecin et revint avec le docteur Frederick Blackwell.
Ce dernier remarqua que la femme était allongée sur le côté, les jambes tendues. Son corps était encore tiède, excepté ses mains : elle était morte peu de temps auparavant. Sa main gauche tenait encore un petit paquet de noix de cajous et elle portait une écharpe. Son cou avait été coupé d’un côté à l’autre, profondément.

Le docteur Phillips, médecin de la police, arriva rapidement. Blackwell et lui estimèrent l’heure de la mort entre 00h36 et 00h56.
La police fouilla l’endroit, mais ne trouva aucune arme ni indice. Les enquêteurs déterminèrent néanmoins que le président du IWMC avait traversé la cour vers 00h40, environ 20 minutes avant que le corps ne soit découvert, et n’avait rien vu d’étrange ni qui que ce soit aux alentours.

Mitre Square

Alors que les policiers continuaient leur travail sur ce 3éme meurtre, un autre corps fut découvert à quelques mètres de là, dans Mitre Square. Cette grande place peu éclairée, situé au centre d’un labyrinthe de rues étroites et d’impasses, était bordée de bâtiments commerciaux et d’entrepôts, et peu de gens y habitaient.


La nuit, lorsque les commerces étaient fermés, Mitre Square devenait un endroit sombre et isolé.
Le policier Edward Watkins y faisait sa ronde de nuit. Il passa vers 01h30 et ne vit rien de particulier. Il revint vers 01h45 (45 minutes après la découverte du corps à Dutfield’s Yard) et tout lui sembla calme et désert. Mais lorsqu’il tourna sa lanterne vers l’un des coins de la cours, il découvrit le corps mutilé d’une femme. Elle était allongée sur le dos dans une marre de sang, sa robe remontée au-dessus de sa taille, la gorge coupée et ses entrailles à l’air.

Watkins courut jusqu’au magasin de George Morris, un agent de police à la retraire, qui travaillait également comme veilleur de nuit. Grâce à son sifflet, il fut rapidement rejoint par d’autres collègues. Les policiers commencèrent à fouiller l’endroit et à chercher un éventuelr suspect.

Vers 02h00, le docteur Frederick Gordon Brown arriva sur les lieux et examina le corps. La femme avait été profondément égorgée. L’abdomen avait été ouvert, Les intestins avaient été placées sur son épaule droite et son visage avait été affreusement mutilé. Selon le Dr Brown, le corps était encore tiède et elle avait dû mourir peu de temps ava,t que le policier Waltkins ne la trouve.
Elle n’avait pas d’argent sur elle et il sembla qu’elle n’avait pas lutté contre son agresseur.

Les policiers ne parvinrent pas à comprendre comment le tueur avait pu agir, surtout en si peu de temps, dans Mitre Square. Beaucoup d’agents de police patrouillaient dans ce quartier à cette heure. En plus de l’agent Waltkins et du veilleur de nuit Morris, un autre policier, dont la ronde incluait une partie de Mitre Square, était passé vers 01h42 et n’avait rien vu ni entendu. Un autre agent de police vivait non loin et avait dormi sans être réveillé par quoi que ce soit.
L’assassin s’était approché de sa victime sur la place, l’avait étranglée, égorgée, éventrée puis s’était enfui, et cela en l’espace de 15 minutes !

A 02h55, le policier Alfred Long trouva un morceau de tablier de femme ensanglanté dans l’entrée d’un bâtiment de la Goulston Street, vers le nord-est de Whitechapel, non loin d’une fontaine publique à l’eau rougit de sang (il est possible que le meurtrier s’y soit lavé les mains). Juste au-dessus du tablier, écrit à la craie blanche sur le mur de briques noires, on pouvait lire :

The Juwes are (Les Juifs — avec une faute d’orthographe — sont)
The men That (Les hommes Qui)
Will not (Ne seront pas)
be Blamed (Accusés)
For nothing (Pour rien)

Le morceau de tablier appartenait à la femme qui avait été assassinée dans Mitre Square et la police pensa que l’inscriptionavait été faite par le tueur.
Un policier fut laissé en faction devant l’inscription et on demanda à ce qu’il soit photographié. Mais avant que cela fût fait, Sir Charles Warren, le préfet de police, ordonna de l’effacer. Warren aller être violemment critiqué pour cette décision, mais expliqua que l’inscription était visible de tous et ne pouvait être couverte : il craignait que si la population de Whitechapel la lisait, les juifs furent lynchés et leurs magasins détruits.

Le tueur avait-il été capable d’accomplir ces deux meurtres en peu de temps, et notamment les mutilations de la secondes victime, sans être vu par un policier ou un passant, alors que le quartier était sur ses grades ? Et il avait peut-être même pris le temps d’écrire sur le mur…
La police interrogea tous les habitants des maisons alentours. Les passants qui s’étaient réunis pour voir le corps furent, eux aussi, interrogés.

La première victime était grande, gracile et portait des cheveux bruns bouclés. Elle était vêtue de noir et une rose rouge décorait son gilet. Aucun objet de valeur ne fut retrouvé dans ses poches.


Elle fut malgré tout identifiée comme Elizabeth Stride, née en Suède en 1843. Elle était venue en Angleterre pour y travailler comme domestique. Elle avait inventé une histoire selon laquelle elle avait survécu au naufrage du « Princes Alice » en 1878 (une collision entre deux navires, le « Bywell Castle » et le « Princess Alice », sur la Tamise avait fait 786 morts), et affirmait que son époux et ses enfants s’étaient noyés. Cette histoire lui avait été utile pour obtenir de l’aide de l’Eglise suédoise de Londres et provoquait souvent la sympathie à soin égard. La vérité était que son mari, John Stride, était un survivant de la tragédie du « Victoria » (en 1881, un bateau à vapeur, le « Victoria », avait coulé avec plus de 200 passagers) mais qu’il était décédé par la suite dans un asile pour nécessiteux.
Elle vivait avec un ouvrier nommé Michael Kidney depuis 3 ans. Les gens l’appréciaient et la surnommaient « Long Liz ». Elle se prostituait rarement et gagnait sa vie en faisant de la couture ou des ménages. Il lui arrivait de se saouler et elle se mettait à crier et à insulter les gens. Elle avait déjà été arrêtée pour ce genre de fait.
Elle avait quitté son asile de nuit dans la soirée et n’avait dit à personne où elle allait. Elle était partie avec peu d’argent, mais sans la rose sur la rose sur son gilet.

Le Dr Phillips affirma qu’elle était morte de ses blessures à la gorge. Il n’y avait aucun signe de strangulation, mais le tueur avait pu tirer Liz vers lui par son écharpe, puis lui couper la gorge. Le Dr Blackwell expliqua que le tueur devait être quelqu’un « habitué à utiliser un lourd couteau ». (Il est possible qu’Elisabeth Stride n’ait pas été une victime de l’Eventreur : il semble qu’elle n’a pas été étranglée avant d’être égorgée, et le couteau était plus large et moins pointu).

Cette fois, de nombreux témoins contactèrent la police pour expliquer qu’ils avaient vu Liz juste avant sa mort.
L’un des témoins était l’agent de police William Smith, qui avait fait sa ronde près de Berner Street et avait vu Liz parler avec un homme vers minuit et demi, peu avant son meurtre. L’homme que Smith avait vu avait « environ 28 ans ». Il portait un « chapeau de chasse sombre et un manteau noir, une chemise blanche et une cravate ». Il avait un paquet dans les mains et avait « l’air respectable ».

Un autre témoin, Israël Schwartz, expliqua à l’inspecteur Swanson qu’à 00h45, il avait vu un s’arrêter et parler à une femme qui se tenait debout devant la cour.
L’homme avait essayé de tirer la femme en direction de la cour, mais elle avait résisté et l’avait jetée à terre. Elle avait crié, mais pas vraiment fort. Croyant assister à une dispute, Schwartz s’était éloigné. De l’autre côté de la rue, il avait vu l’homme sortir d’un pub. Cet homme ou celui qui avait tiré la femme vers la cour avait crié « Lipski ! » (Israël Lipski était un Juif qui avait empoisonné une jeune Anglaise en 1887 et son nom était depuis utiliser pour insulter les Juifs). Schwartz, Juif lui-même, avait pris peur et s’était enfui.
Il avait eu l’impression que l’homme du pub l’avait suivi.
Schwartz identifia le corps de Liz Comme celui de la femme qu’il avait vue jetée à terre, puis décrivit l’homme qui l’avait poussée : environ 30 ans, environ 1m65, cheveux bruns, moustache, vêtu de noir, une casquette noire à visière, rien dans mains. L’homme du pub avait avait approximativement 35 ans, 1m80, des cheveux châtains, une moustache, un manteau sombre, un chapeau noir à bords larges.
La police prit les témoignages de Smith et Schwartz très au sérieux.

Deux autres témoins apparurent peu après. William Marshal vivait au 64, Berner Street, et s’était tenu non loin du loin lieu du meurtre vers 23h45, plus d’une heure avant le meurtre. Il avait vu Liz discuter avec un homme d’âge moyen, portant une casquette à visière assez courte « comme un marin », plutôt corpulent, de taille moyenne, habillé comme un employé de bureau avec une veste noire et qui parlait « comme un homme éduqué ».


Malheureusement, Marshall n’avait pu voir le visage de l’homme. Liz avait très bien pu parler à un autre homme que son assassin, une heure avant le meurtre.

Un dénommé James Brown contacta la police pour annoncer qu’il avait vu Liz vers 00h45 , quelques minutes avant sa mort. Brown avait estimé l’heure plutôt que d’en être sûr : il n’avait pas de montre. Lorsqu’il avait atteint l’intersection de Berner et Fairclough Street, il avait vu Liz parlait à un homme. Brown avait entendu Liz dire : « Pas ce soir, un autre soir ». L’homme était assez grand et portait un long manteau sombre.
Ces témoignages n’aidémoignages n’aidèrent malheureusement pas la police à trouver un suspect.

La femme assassiné dans Mitre Square fut plus facilement identifiée, car elle avait sur elle des billets de dépôts de gage. La police les fit connaître au public et un homme, John Kelly, vint expliquer qu’il avait vécu avec cette femme durant 7 ans dans une chambre au 55 Flower et Dean Street.
Catharine Eddows, appelée Kate par tous ceux qui la connaissaient, était une femme gentille, amicale et toujours heureuse, connue pour sa bonne humeur et son amour du chant. Comme les autres victimes, elle avait périodiquement des problèmes avec l’alcool, qui la poussait à se quereller aves ses compagnons et sa famille.
Elle était née en 1842, Ses parents étaient morts lorsqu’elle était enfant. A 16 ans, elle était tombée amoureuse de Thomas Conway et était partie vivre avec lui. Ils vécurent ensemble 20 ans et eurent trois enfants. Mais Kate buvait trop et Conway la battait, aussi le couple se séparât-il en 1880. L’année suivante, Kate rencontra John Kelly et ils s’installèrent ensemble. Ses amis affirmèrent que Kate avait dit à John Kelly qu’elle allait rendre visite à sa fille pour lui emprunter un peu d’argent. Il lui avait parlé du tueur de Whitechapel et lui avait conseillé de ne pas s’attardait. Kate l’avait rassuré en lui assurant qu’elle prendrait soin de ne pas tomber entre ses mains.
Mais elle ne se rendit pas chez sa fille et parvint à trouver assez d’argent pour aller se saouler dans un pub et finir dans une cellule du commissariat de police de police de Bishopgate Street. Elle dormit là jusqu’à00h30, puis on la laissa sortir.
Inquiète du fait que John Kelly allait sûrement la réprimander si elle rentrait tard, elle se pressa de partir. Mitre Square était à moins de 10 minutes de là.

Comme dans les meurtres de Polly Nichols et Annie Chapman, la gorge de Kate avait été profondément tranchée de gauche à droite, ce qui avait causé sa mort. Le Dr Brown, qui fit l’autopsie, expliqua que l’abdomen avait été ouvert et les intestins détachés. Le rein gauche avait été prélevé avec soin, sans être abimé. L’utérus avait été coupé horizontalement et presque entièrement enlevé, alors que le vagin et le col de l’utérus n’avaient pas été endommagés. Le foie, l’aine, le pancréas avait été tranchées. Selon le Dr Brown, le meurtrier avait utilisé un couteau très aiguiser d’environ 15cm de long. Il ajouta : « L’instigateur de cet acte devait avoir une grande connaissance anatomique, pour réussir à retirer le rien et connaître sa position. De telles compétences peuvent être acquises par quelqu’un habitué à tuer des animaux… il a fallu au moins cinq minutes pour perpétrer ces mutilations ».


Le visage de Kate était mutilé au niveau des yeux, une partie du nez avait été coupé, ainsi que le lobe de son oreille droite.

Un témoin, Joseph Lawende, qui avait quitté « l’Imperial Club » vers 01h35 avec des amis, vint expliquer qu’il avait vu un couple discuter dans Church Passage, près de Mitre Square. Lawende reconnue les vêtement de Kate. L’homme qui parlait avec elle avait environ 30 ans, était de taille moyenne, vêtue d’un manteau gris, arborait une petite moustache claire et portait une casquette à visière grise ainsi qu’un foulard. A peine 10 minutes plus tard, Kate était assassinée.

Que dire de l’inscription à la craie découverte une heure plus tard, non loin du morceau de tablier de Kate Eddowes ?
Il existe plusieurs théories et interprétations.
— La première (sans doute la bonne) est que le message n’a pas écrit par le tueur, mais plutôt par un quelconque antisémite, et que le tueur a, par coïncidence, jeté là le morceau de tablier avec lequel il avait essuyé son couteau. L’inspecteur en chef Swanson indiqua dans un rapport que l’inscription était ancienne, un estompée.
— Une autre théorie, proposée par Walter Drew, officier de police à Whitechapel en 1888, est que le message « représente le geste de défi d’un juif dérangé, euphorique après ses “triomphes” sanglants de Dutfield Yard et de Mitre Square ». L’un des nombreux problèmes de cette interprétation est qu’il n’existe aucun dialecte ou patois dans lequel « Jews » (Juifs) s’écrit « Juwes » : le message aurait donc plutôt été écrit par une personne haineuse et illettrée.
— La troisième théorie était que le message avait bien été écrit par le tueur, mais était « un subterfuge intentionnel dans le but d’incriminer les Juifs et d’éloigner la police de la piste du véritable meurtrier ». Cette théorie était celle qui avait les faveurs de Scotland Yard et la communauté juive.
En tous cas, l’auteur du message ne fut jamais identifié.

Les habitants de Whitechapel furent terrifiés, choqués, indignés et courroucés par le double meurtre. Ils se réunirent dans les rues pour demander la démission de Sir Charles Warren et du ministre Henry Matthews.
Sans succès.

Les habitants du quartier étaient terrorisés, mais il semble que ces meurtres amusèrent une certaine catégorie de la population, car des centaines de lettres prétendument écrites par le tueur furent envoyées à la police, aux journaux et à certains enquêteurs.
Seules trois de ces lettres paraissent intéressantes. Deux, en particulier, ayant été écrites par la même main, ont donné son surnom de « Jack l’Eventreur » à l’assassin.
Ainsi, la lettre suivante, écrite à l’encre rouge, fut reçue par le « Central News Agency » (un organisme connu principalement des journalistes…) le 27 septembre 1888, et était adressé au directeur, « The Boss », du journal.

« 25 Sept 1888

Cher patron,

Je continue d’entendre que la police m’a attrapé, mais ils ne vont pas m’arrêter de si tôt. J’ai lorsqu’ils ont pris un air intelligent et ont affirmé être sur la bonne piste. Cette blague concernant Tablier de Cuir m’a vraiment fait rire. Je cherche des putains et je n’arrêterai pas les mettre en pièces jusqu’à ce que je sois bouclé. Beau travail que mon dernier boulot. Je n’ai pas laissé la dame le temps de couiner. Comment pourraient-ils m’attraper

maintenant. J’aime mon travail et je veux recommencer. Vous allez bientôt entendre parler de moi avec mes petits jeux amusants. J’ai gardé quelques trucs rouges convenables dans une bouteille de bière au gingembre de mon dernier travail pour écrire, mais c’est devenu épais comme de la colle et je ne peux pas l’utiliser. L’encre rouge convient assez j’espère ha ha. Le prochain boulot que je ferai je couperai l’oreille de la et l’enverrai aux officiers de Police juste pour s’amuser, n’est ce pas. Gardez cette jusqu’à ce que j’en fasse plus puis donnez-la. mon couteau est si beau et acéré que je veux me remettre au travail immédiatement si j’en ai la chance.

Bonne chance.

Votre dévoué
Jack l’Eventreur
Je m’excuse si je donne mon nom de plume ».

Sur la même lettre, écris horizontalement :

« n’était pas assez bon pour que je la poste avant que j’ai enlevé toute l’encre rouge de mes mains maudite soit-elle. Pas de chance. Ils disent que je suis un docteur. Maintenant ha ha ».

L’éditeur considéra (sans doute avec raison) que la lettre était un canular et ne l’envoya pas à la police avant plusieurs jours.
Le lundi qui suivit le double meurtre, la « Central News Agency » reçut une autre lettre, postée du 1er octobre, et pourtant la même écriture.

« Je n’étais pas lubrique cher vieux patron lorsque je vous ai donné ce tuyau. Vous entendrez parler du travail de Jacky demain double événement cette fois numéro un a crié un peu n’ai pas pu terminer tout de suite. N’ai pas eu le temps de prendre les oreilles pour la police merci d’avoir gardé la dernière lettre jusqu’à ce que je recommence à travailler.



Jack l’Eventreur »

La police fit circuler les lettres dans ses services et en placarda des facsimilés sur les murs de chaque commissariat de police au cas où quelqu’un pourrait reconnaitre l’écriture. Mais rien d’intéressant n’en résultat.

La 3éme lettre importante fut envoyée le 16 octobre à George Lusk, le dirigeant du Comité de Vigilance de Mile End.
La lettre fut envoyée avec un morceaux de rein humain. Lusk en fur bouleversé. Lu’un des membres du comité affirma qu’il devait s’agir d’un rein d’animal préservé dans du vin et ils l’apportèrent au Docteur Thomas Openshaw, du London Hospital, afin qu’il l’examine.
On publia tout et n’importe quoi sur ce que dit le Dr Openshaw, et qu’il nia par la suite. Ce dont on peut être sûr est que le Dr Openshaw établie que le rein était celui d’un être humain adulte, qui avait été préservé dans de l’alcool de vin plutôt que du formol. Il est possible que ce rein ait été atteint de la maladie de Bright (ou « néphrite »), mais les avis des médecins étaient partagés.

La lettre accompagnant le rein n’avait pas été écrite par l’auteur des lettres signées « Jack l’Eventreur ». Elle comportait de nombreuses fautes d’orthographes.

« De l’enfer,


Monsieur Lusk




Mossieur (Sor) »


Je vous envoie la moitié du rien (kidne) que j’ai pris à une femme prasarvé (prasarved) pour vous l’aute (tother) morceau je l’ai frit et mangé c’était très bon (nise) je vous enverrai peut-être le couteau (knif) ensanglanté qui l’a enlevé si vous atendez (wate) unpeu (a while) plus longtemps.


Signé
Attrapez-moi quand
vous pourrez
Mossieur (Mishter) Lusk »

L’une de ces lettre a-t-elle été envoyée par le véritable tueur ? Les spécialistes et les chercheurs (les « ripperologues ») considèrent souvent que les deux premières lettres sont des faux, bien qu’elles présentent des informations que seul l’assassin devait connaître.
L’auteur de la lettre dit qu’il enverra des oreilles à la police, mais le tueur ne l’a jamais fait. Le lobe de l’oreille de Kate Eddowes était coupé, mais sûrement par un coup de couteau visant le visage. Vu les mutilations qu’il a pu accomplir, le tueur aurait eu largement le temps de lui couper les oreilles s’il en avait eu l’envie.
La prévision des deux meurtres durant la même nuit a été présentée comme une preuve que ces lettres étaient authentiques. Toutefois, la lettre a été postée le matin du 1er octobre (le timbrage l’indique), alors que tout l’est de Londres bourdonnait déjà de la découverte du double meurtre. Tout le monde était au courant dès le dimanche et en parlait. Ce n’était pas une prévision.
L’auteur des lettres affirme également que Liz Stride a crié, mais seul un des nombreux témoins a affirmé avoir entendu une femme crier. Les autres témoins n’ont rien entendu de toute la nuit.
Déjà à l’époque, Scotland Yard pensait que cette lettre avait été écrite par « un journaliste trop imaginatif ». L’enveloppe de la première lettre était timbrée « London EC ». des districts de Gray’s Inn Road et Fleet Street, siège de la grande majorité des journaux.
Par la suite, les hauts gradés de la police assurèrent catégoriquement que ces lettres étaient l’oeuvre d’un journaliste.

La lettre adressée à « Monsieur Lusk », par contre, a peut-être été envoyée par le véritable tueur. Le Dr Brown, lors de l’autopsie de Catharine Eddowes, indiqua que son rien encore présent était « pâles, exsangue, avec une légère congestion à la base des pyramides », ce qui décrit les symptômes de la maladie de Bright. Kate Eddows en souffrait vraisemblablement.
Il est possible que la troisième lettre ait véritablement été écrite par l’Eventreur et que le rien ait appartenue à Kate Eddows, mais on ne peut absolument pas le prouver de nos jour.

Fin de la première partie….

Author

alice.peschon@gmail.com

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