Sérials Killers

Qui est Jack l’Eventreur ? (4éme partie)

Les victimes de l’Eventreur

Mary Ann Nicholls (43 ans)
Egorgée et poignardée au ventre le 31 août 1888.

Annie Chapman (47 ans)
Assassinée le 8 septembre 1888.
L’Eventreur l’a éviscérée et a prélevé son utérus.

Elizabeth Stride (45 ans)
Assassinée le 30 septembre 1888.
L’Eventreur a été interrompu alors qu’il la mutilait.

Catharine Eddows (46ans)
Assassinée le 30 septembre 1888.
Deuxième victime, le même soir qu’Elizabeth Stride. L’Eventreur a prélevé l’un de ses reins et une grande partie de son utérus.

Mary Kelly (25 ans)
Assassinée et affreusement mutilée dans la chambre qu’elle louait, le 9 novembre 1888.
L’Eventreur a pris son cœur avec lui.

En plus de ces 5 victimes « officielles », il est possible que la première victime de l’Eventreur ait été Martha Tabram (37ans) assassinée le 7 août 1888.

Mode Opératoire

Jack l’Eventreur était un tueur « classique » en cela qu’il s’attaquait aux victimes « traditionnelles » des tueurs en série : les prostituées.
Il lui était simple de trouver des victimes, des femmes pauvres obligées de se prostituer et prêtes à suivre un client s’il n’avait pas « une trop mauvaise tête ».

Les meurtres ont eu lieu la nuit; sauf celui d’Annie Chapman (au lever du jour) et, à l’exception de celui de Mary Kelly, se sont déroulés dans les rues de l’East End.

D’après les témoignages, les victimes de l’Eventreur étaient saoules au moment où il les agressait, ce qui pourrait expliquer qu’il parvenait à les prendre par surprise et qu’elles ne criaient pas .

L’assassin et sa victime étaient face à face dans la rue; car les prostituées de l’East End accomplissaient leur « travail » directement dans la rue, debout, un peu à l’écart.

L’Eventreur se jetait alors sur elle et l’étranglait jusqu’à l’inconscience ou la mort. Les autopsies ont toujours montré des indications claires que les victimes avaient été étranglées, puis égorgées. Certains auteurs ont pensé que Jack l’Eventreur égorgeait ses victimes de derrière, par surprise ou non, et qu’ainsi, il évitait d’être aspergé de sang.
L’Eventreur allongeait ses victimes de derrière, par surprise ou non, et qu’ainsi, il évitait d’être aspergé de sang.
L’Eventreur allongeait ensuite sa victimes sur le sol. Il semble qu’il ne les laissait pas tomber et ne les projetait pas à terre, car aucune des victimes n’a eu d’hématome derrière la tête.
L’Eventreur allongeait ensuite sa victime sur le sol. Il semble qu’il ne les laissait pas tomber et ne les projetait pas à terre, car aucune des victimes n’a eu d’hématome derrière la tête.
Des taches et des éclaboussures montrent que le sang formait une flaque sous le cou et la tête de la victime, plutôt que devant, où le sang aurait jailli si elle avait été égorgée debout.

Un gentleman mesurant l’étroitesse des rues de Whitechapel

Toutes les victimes ont été tuées sur place et aucune n’a été déplacée, et surtout pas dans un fiacre. Les rues de Whitechapel étaient pour la plupart trop étroites pour faire passer un fiacre.

Pour l’une des victimes, du sang a été découvert sur une barrière, à une trentaine de centimètres du sol, à l’opposé de la blessure du cou. Cela pourrait montrer que le sang avait giclé du cou alors que la victime était sur le ventre. Cette méthode aurait évité au tueur d’être éclaboussé de sang. De toute façon, si la victime était déjà morte lorsque l’Eventreur l’égorgeait, le sang n’aurait quasiment pas jailli, car le cœur, arrêté, ne « pressurisait » plus le sang.

L’Eventreur opérait ensuite ses mutilations. Plusieurs fois, les jambes ont été pliées pour offrir un meilleur accès vers le ventre de la victime. Il ne semble pas que les victimes aient jamais été violées et l’Eventreur ne s’est pas masturbé sur elles.
Il prélevait généralement une partie des viscères de sa victimes, un « trophée », une pratique courante chez les tueurs en série.

Ses victimes victimes vivaient toutes dans le même quartier, Whitechapel, que le tueur semblait connaître comme sa poche. Après le meurtre de Catharine Eddowes, dans Mitre Square, l’alerte fut donnée rapidement par la police, mais le meurtrier parvint à s’enfuir dans un labyrinthe de ruelles, de cours et d’impasses, qui plus est dans l’obscurité.

Les avis des médecins et chirurgiens qui ont examiné les corps des victimes sont contradictoires en ce qui concerne le degré de connaissance anatomique et/ou chirurgicale de l’Eventreur. Certains pensaient qu’il était un expert, d’autres qu’il savait juste manier un couteau avec habileté, et d’autres enfin qu’il mutilait sans discernement.
Le Docteur Bagster Phillips a soutenu que Jack l’Eventreur était un expert en anatomie. Le Docteur Thomas Bond a affirmé que l’Eventreur n’avait aucune connaissance particulière.
Il est difficile, de nos jours, de savoir qui des deux médecins avaient raison. Les photographies des victimes font plus penser à des mutilations sauvages qu’à des prélèvement habiles. Toutefois, il est possible, par exemple, que l’Eventreur ait fait preuve de doigté pour extraire un utérus puis ait brutalement poignardé sa victime.
La question reste posée.

Motivations de Jack l’Eventreur

L’Eventreur s’en prenait sûrement aux prostituées, car elles étaient des victimes « faciles » et non pas parce qu’il voulait mener une croisade contre le vice.

Il est plus que probable que l’Eventreur ait agressé d’autres femmes avant ses cinq victimes « officielles ». La presse de l’époques avait fait état de plusieurs agressions, par un homme seul et sans mobile apparent, en 1887 et 1888.
Il est tout à fait possible que l’Eventreur soit également l’assassin de Martha Tabram, en août 1888 : elle n’a pas été égorgée, mais a été poignardé aux seins, au ventre et au bas-ventre.

Les mutilations au bas ventre, le prélèvement de l’utérus, les coups de couteau à la poitrine : toutes ces violences indiquent un acte violent dirigé vers (contre) les symboles du corps féminin. Le couteau enfoncé dans les chairs peut être considéré comme le substitut du pénis enfoncé dans le corps de la victime.

L’Eventreur étranglait ses victimes. C’est une manière de tuer fort répandue (et appréciée) chez les meurtriers sexuels à tendances sadiques, car elle leur permet d’être très proches de leurs de leurs victimes et a une forte connotation érotique. Certains ne ressentent même pas l’envie de violer leur victime, le fait de les étrangler suffit à leur procurer un plaisir sexuel.

Il semble que l’Eventreur était un tueur « mixte », à la fois « organisé » et « inorganisé » ( comme l’était Ed Kemper, tueur en série “article en préparation”) : il prenait soin de se vêtir correctement pour inspirer confiance, approchait ses victimes tranquillement à la manière d’un client potentiel, les emmenait dans un coin sombre… Et d’un seul coup, lorsqu’il passait à l’acte et se jetait sur elle, la sauvagerie prenait le dessus et il était pris d’une frénésie de sang et de mutilations.

La nature et l’importance des mutilations ont augmenté à chaque meurtre, pour aboutir à la boucherie de Miller’s Court.
Il semble impossible que l’Eventreur ait tout simplement cessé de tuer. Il a dû arrêté pour un autre crime ou a eu un accident ou sa santé mentale s’est détériorée et il a été institutionnalisé.

Contrairement à la croyance populaire, les crimes de Jack l’Eventreur n’étaient pas uniques. Les mutilations terribles étaient caractéristiques d’un « désordre mental » identifié et diagnostiqué par le psychanalyste Richard von Krafft-Ebbing, une dizaine d’années avant qu’aient lieu les meurtres de Whitechapel. L’Ebbing, « Psychopathia Sexualis », détaille de nombreux cas de meurtres sexuels sadiques qui présentaient une grande similarité avec ceux commis par l’Eventreur :
« On ne peut douter qu’un grand nombre de meurtres sexuels dépend d’une combinaison de désirs excessifs et pervers. La perversion de ces sentiments peut mener à d’autre actes de bestialité avec le corps, par exemple : couper et étendre les intestins ».

Colin Wilson, expert britannique des tueurs en série, propose une théorie intéressante concernant les motivations de Jack l’Eventreur… et celles d’autres « tueurs secuels » de l’époque. Selon Wilson, les hommes d’aujourd’hui savent que la majorité des femmes sont généralement « prises » et non disponibles. Mais au 19éme siècle, au Royaume-Uni, le contraire prévalait. De très nombreuses femmes pauvres venaient dans les grandes villes pour tenter d’y trouver un emploi. N’y parvenant pas, elles se voyaient forcées de se prostituer pour survivre et vendaient leur corps pour quelques pièces.
A partir de la fin du 19éme siècle, les mentalités comme les besoins évoluant, on réalisa que les femmes étaient d’excellentes dactylo ou secrétaires, de très bonnes employées de magasin, des ouvrières habiles, des infirmières qualifiées, etc…, et on leur offrit plus facilement un emploi. Les femmes devinrent employées, « respectables » et « fréquentables » et donc, bien souvent indisponibles.
S’ajouta à cela la pensée victorienne puritaine selon laquelle le sexe est interdit, mauvais et prohibé. les femmes devinrent les objects tabous d’un désir interdit, le mélange parfait pour transformer une libido déjà confuse en perversion mortelle.

Colin Wilson retrace également l’histoire de la littérature pornographique, expliquant que ses thèmes de prédilection ont changé avec le temps.
Durant le 18éme siècle, la littérature pornographique commençat à s’inspirer du Marquis de Sade, qui décrivait le sexe qu’en étant maîtrisée, forcée. De jeunes vierges étaient capturées par des pirates ou des Turcs luxurieux, et elles découvraient le plaisir en étant violées dans des harems. Les enfants étaient présentés comme des créature sexuelles désireuses de séduire le chef de famille… Les scènes de bondage, de flagellation et de sexe se mélangeaient. Le sexe était presque toujours lié à la douleur et la perte de la virginité, souvent dans l’enfance et de manière sanglante.

Vendue dans des revues populaires bon marché, à l’époque où les journaux étaient les seuls médias et où même les petites gens commençaient à savoir lire cette littérature eut un énorme impact sur l’imagination de nombreux hommes seuls et frustré, parmi lesquels, sans doute, jack l’Eventreur.

Le mot « sadisme » est d’ailleurs un terme foncièrement moderne, inspiré par le Marquis de Sade, qui vécut à la fin du 18éme siècle.

Bien entendu, aucun lien n’a été établie entre les crimes sexuels et la pornographie, au contraire, permet de libérer une tension sexuelle plutôt que de commettre un crime.
Il est évident, toutefois, que les personnes possédant une prédisposition aux crimes sexuels, ayant déjà des envies de viols et/ou de meurtres, sont souvent de gros consommateurs de pornographie. Les tueurs en série, notamment. La pornographie ne les pousse pas au meurtre mais , comme le disait Ed Kemper, elle « met de l’huile sur le feu ».

Citations

« Ce que nous avons vu, je n’arrive pas à le chasser de mon esprit. cela ressemblait à l’oeuvre du Diable » : John McCarthy, au sujet du meurtre de Mary Kelly.

« Me permettrez-vous de faire un commentaire sur la réussite du meurtrier de Whitechapel pour attirer l’attention, un moment, sur la question sociale?
Il y a moins d’un an, la presse du {West End}, menée par la ‘St James Gazette’, le ‘Times’ et le ‘Saturday Review’ , réclamait à grands cris le sang du peuple — demandant à Sir Charles Warren de battre et de museler la saleté qui osait se plaindre d’être affamée ; amoncelant les insultes et les calomnies irréfléchies sur ceux qui intercédaient en faveur des victimes ; applaudissant aux partis pris de la classe de ces magistrats et de ces juges qui firent le pire avec zèle dans les actions judiciaires qui suivirent — se comportant, en fait, comme la classe propriétaire le fait toujours lorsque les travailleurs les plongent dans la terreur en osant montrer les dents. (…) A présent, tout a changé. une initiative privée a réussi là où le socialisme a échoué. Tandis que nous, démocrates sociaux, perdions notre temps en éducation, agitation et organisation, un génie indépendant prit les choses en main, et en assassinant et éviscérant quatres femmes, a converti la presse propriétaire à un mode inepte de communisme (…) »
: article de George Bernard Shaw, dans le Star, 24 septembre 1888.

Alors quelles est votre déduction ?
Qui est Jack l’Eventreur ?

Author

alice.peschon@gmail.com

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