Sérials Killers

Le Zodiac (Partie 2) L’hypothèse.

Arthur Leigh Allen

Arthur Leigh Allen est-il le tueur du Zodiac ?

Arthur Leigh Allen a attiré l’attention de la police de Vallejo en octobre 1969, suite à la décision d’interroger tous les hommes ayant un casier judiciaire et habitant les lieux où avaient été assassinées des victimes du Zodiac.

Il y eut une rumeur selon laquelle Allen avait reçu une contravention pour excès de vitesse près du lac Berryessa, la nuit du meurtre de Shepard, mais on découvrit par la suite que cette rumeur n’était pas fondée.

Un enquêteur dénommé Lynch interrogea Arthur Allen durant quelques minutes sur un ton plutôt cordial. Il semble que pour lui, Allen n’était qu’un suspect parmi tant d’autres habitants de Vallejo qui avaient été désignés par un ami, un ennemi, un voisin, une connaissance, sur un simple pressentiment. Trop petit et trop dégarni pour correspondre à la description de Zodiac, Allen fut rapidement mis de côté.

L’information qui propulsa Allen en haut de la liste des suspects n’apparut que 2 ans plus tard. Le 15 juillet 1971, un homme d’affaire du sud de la Californie, Santo Panzarella, contacta la police pour l’informer qu’Arthur Allen avait fait des déclarations incriminantes à Donald Cheney, le partenaire en affaires de Panzarella, déclarations indiquant qu’Allen était le Zodiac.

Intrigués, deux enquêteurs rendirent visite à Cheney et Panzarella.

Don Cheney, qui avait été ami avec Arthur Leigh Allen durant des années avant de déménager dans le sud de l’état, expliqua aux enquêteurs qu’Allen et lui avaient eu une conversation dans la cave d’Allen, en décembre 1968. Elle avait commencé sur le thème de la chasse mais avait pris un tour étrange à mesure de la discussion. Allen avait cité le roman de Richard Connel « Les chasses du comte Zaroff », l’histoire d’un sadique qui chasse des voyageurs perdus sur son île privée, tels des animaux, un classique étudié à l’école. Allen avait affirmé avoir adoré ce livre et s’être identifié au comte.

Après avoir abordé l’idée de la chasse à l’homme, Allen avait décrit comment il aurait commis une série de meurtre de jeunes couples. Il avait expliqué qu’il « utiliserait un revolver ou un pistolet avec une lampe de poche attachée dessus et un système de visée, [et] s’approcherait et tirerait sur les gens… Allen parla aussi de tirer dans les pneus d’un bus et d’abattre les ‘petits chéris’ qui en sortiraient ». Allen avait également affirmé qu’il enverrait des lettres à la police et qu’il se présenterait sous le nom de « Zodiac ». Cheney avait alors demandé : « Zodiac ? Pourquoi ça, pourquoi pas un autre nom ? » Arthur Allen était devenu nerveux et avait répondu « J’aime le nom ’Zodiac’ et c’est le nom que je vais utiliser ».

En l’état, l’histoire de Cheney semblait accablante. Si Arthur Leigh Allen avait fait ces commentaires en décembre 1968, alors il avait décrit les meurtres de Lake Herman Road avant qu’ils ne soient commis par le Zodiac en août 1969. (La menace du Zodiac envers les bus d’écoliers n’apparu qu’en octobre 1971).

La question que se posèrent alors les enquêteurs fut : pourquoi Diable Cheney avait-il attendu 2 ans avant de les contacter ?

Cheney avait déménagé pour venir s’installer en Californie du Sud en janvier 1969 et il était possible qu’il n’ait pas entendu parler de la seconde agression à Vallejo, ni des lettres qui suivirent. Toutefois, le meurtre de Paul Stine à San Francisco fit les gros titres de tous les journaux nationaux, et il est impossible que qui que ce soit dans l’état de Californie ait pu ne pas lire ou entendre des informations concernant un tueur non identifié qui frappait les jeunes couples, envoyé des lettres aux journaux et se faisait appeler « Le Zodiac ». Cheney ne pouvait l’ignorer. D’ailleurs, Cheney et Panzarella admirent avoir lu des articles dans le Los Angeles Times concernant les crimes du Zodiac. L’ignorance ne pouvait donc pas expliquer leur silence.

Il semble pourtant que Cheney ne pensa plus aux déclarations d’Allen jusqu’en 1971. Il expliqua qu’il se souvint de Arthur Leigh Allen seulement lorsqu’il entendit parler d’une obscure série de meurtres irrésolus (n’ayant aucun rapport avec ceux du Zodiac) dans la Grass Valley, à 150km au nord de Vallejo. Ainsi, les meurtres de la Grass Valley avaient réveillé la mémoire de Cheney alors que les articles quasi quotidiens relatant les meurtres d’un tueur identique à celui décrit par Arthur Allen ne l’avaient pas fait…

Les enquêteurs apprirent peu après qu’Allen avait « touché de manière inappropriée » la fillette de Cheney, alors qu’ils faisaient du camping, des années auparavant. Cheney s’en était plaint au frère d’Allen. L’un des enquêteurs de Vallejo écrivit dans son rapport : « Cela pourrait être un mobile pour que Cheney porte de telles accusations contre Arthur Allen ».

Arthur Leigh Allen, selon toutes les descriptions, était un “excentrique”. Décrit comme “anti – establishment”, sa candidature pour entrer dans la police de Vallejo, à 19 ans, fut rejetée. Il s’engagea dans la marine et fut renvoyé à 25 ans. Il possédait plusieurs armes à feu et gardait toujours un pistolet dans sa voiture. Il ne pouvait pas garder un emploi ni un ami bien longtemps. Il était pédophile et, alors qu’il était enseignant, il fut reconnu coupable d’attouchements et d’agressions, et envoyé à l’hôpital psychiatrique – prison d’Atascadero.

Cheney n’était pas la seule personne à qui il avait parlé des meurtres du Zodiac : il aimait se vanter d’avoir été interrogé par la police de Vallejo et d’être un suspect dans l’enquête. Il s’intéressait également à la psychologie, à « l’hygiène mentale » et travailla à Atascadreo avant d’y être lui-même incarcéré. Il est donc tout à fait possible qu’Allen ait effectivement parlé à Cheney de son intérêt pour le meurtre de Lake Herman Road. Il avait du comprendre que le tueur n’avait pas d’autre mobile que le plaisir du tuer et avait fait la comparaison avec « Les chasses du comte Zaroff ». Par contre, avait-il donné ensuite tous les détails que Cheney affirmait avoir entendu ?

Des accusations accablantes

Le 26 juillet, la police de San Francisco envoya l’un de ses enquêteurs, William Armstrong, discuter avec Cheney. Au cours des 11 jours suivants, Cheney raconta au policier des souvenirs de plus en plus élaborés… et de plus en plus accablants pour Arthur Leigh Allen. Il commença par antidater (en remontant d’un an) la conversation qu’ils avaient eue, la plaçant en décembre 1967 plutôt que 1968. Ensuite, il se souvint qu’Allen avait demandé comment quelqu’un pouvait déguiser son écriture et qu’il lui avait donné des conseils pour y parvenir. Par la suite, Cheney se souvint également que Allen n’avait pas initié la conversation en parlant des « chasses du comte Zaroff », mais en déclarant qu’il voulait changer d’emploi et qu’il désirait devenir officier de police. Au cas où il n’y serait pas parvenu, il deviendrait alors un criminel qui éviterait d’être appréhendé en commettant des meurtres sans mobiles logiques. Cette histoire fut à nouveau modifiée lorsque Cheney affirma qu’Allen avait parlé du Zodiac parce qu’il voulait écrire un roman sur un tueur. Puis, il ajouta qu’Allen lui avait confié l’idée de désactiver la voiture d’une femme et enlevant le boulon de l’une de ses roues (allusion évidente à l’enlèvement de Kathleen Johns en mars 1970 : cette dernière a affirmé qu’elle ne reconnaissait pas en Arthur Allen l’homme qui avait tenté de l’assassiner).

Finalement, Cheney expliqua qu’il avait contacté la police non pas à cause des meurtres irrésolus de la Grass Valley, comme il l’avait jusque là affirmé, mais parce qu’il avait lu des articles dans les journaux au sujet des menaces du Zodiac de « tuer des petits chéris », ce qu’il reliait à l’expression utilisée par Allen.

A mesure des jours passants, l’officier de police réalisa que le témoignage de Cheney était loin d’être précis. Sa mémoire mélangeait peut-être une conversation réelle avec des articles de presse. L’accusation de Cheney ne semblait pas vraiment crédible.

Armstrong décida néanmoins de prévenir la police de Vallejo qui, après avoir vérifié les antécédents d’Allen, décidèrent de l’interroger en tant que suspect potentiel. Cette entrevue eut lieu sur le lieu de travail d’Allen, en août, et se transforma en un cabotinage qui aurait pu être risible s’il n’avait pas été si malsain. Arthir Leigh Allen fit preuve d’une grande connaissance des références de la culture populaire utilisées par le Zodiac, ainsi que des informations divulguées par la presse sur le tueur, mais rien sur les crimes eux-mêmes. Il nia avoir eu une conversation incriminante avec Cheney, mais reconnu avoir lu « Les chasses du comte Zaroff », ouvrage qui l’avait fasciné. Il offrit un alibi pour le jour du meurtre au Lac Barryessa : il était avec un militaire de « Treasure Island » – sans doute une référence au film de 1933 « Charlie Chan at Treasure Island », dans lequel le détective chinois combat un méchant « Docteur Zodiac » originaire de San Francisco… Il expliqua avoir discuté avec son voisin, Monsieur White, après être revenu chez lui en fin d’après-midi – une référence possible au ranger William White, qui était apparu à la télévision le lendemain du crime pour parler du tueur. Allen mentionna également « les deux couteaux que je transporte dans ma voiture avec du sang dessus», ajoutant : « le sang vient d’un poulet (chicken) que j’ai tué». Selon la presse, Bryan Hartnell aurait avoué au Zodiac « I’m chicken» (« Je suis peureux ») : en fait, il s’agissait d’une expression utilisée par le ranger White et non pas par le jeune homme, mais la presse l’avait présentée ainsi.

Finalement, lorsqu’on lui demanda où il vivait en octobre 1966, Arthur Allen répondit : « Vous voulez dire, au moment du meurtre de Riverside ? ». Cette phrase aurait-elle été prononcée avant novembre 1970, elle aurait pu être une preuve de sa culpabilité, mais le meurtre de Cheri Jo Bates avait été relié au Zodiac presque un an auparavant, et avait fait les gros titres des journaux californiens.

La montre “Zodiac”

Les enquêteurs firent également un commentaire sur la montre d’Arthur Allen. C’était un coûteux modèle Sea Wolf, fabriqué par la firme suisse Zodiac, dont le logo était un cercle barré d’une croix. Allen répondit que sa mère la lui avait offerte durant l’été 1969. (Le frère d’Allen, interrogé par la suite, expliqua qu’elle la lui avait en fait offerte pour Noël 1967). Finalement, Arthur Leigh Allen affirma avec une ironie certaine «qu’il souhaitait qu’un temps vienne où les policiers ne seraient plus surnommés ‘porcs’». Le Zodiac avait utilisé cette épithète en plusieurs occasions, et notamment sur sa longue lettre de novembre 1969, publiée par le SF Chronicle. Pour chacune des ces allusions, Allen exploitait en fait les informations qu’il avait lu dans les articles publiés par la presse sur les crimes et les lettres du Zodiac, dans le but de provoquer les enquêteurs. Allen le faisait avec d’autant plus de plaisir qu’il savait qu’il ne serait jamais relié aux crimes… tout simplement parce qu’il n’était pas le Zodiac. Aucune de ses observations ne trahissait une connaissance des crimes supérieure ou plus large. En 1971, des centaines de milliers d’américains, par le biais des journaux, avaient connaissance de ces faits.

En l’absence de piste plus prometteuse, les polices de San Francisco et de Vallejo considérèrent toutefois Arthur Leigh Allen comme leur suspect le plus intéressant.

La perquisition

Le 14 septembre 1972, son mobile-home de Santa Rosa fut même perquisitionnée et les policiers fouillèrent sa remorque et ses voitures, à la recherche d’armes à feu, de munitions, de vêtements et d’autres preuves éventuelles qui pourraient le relier aux crimes ou aux lettres. Rien de ce genre ne fut trouvé. Les empreintes digitales et palmaires des deux mains d’Allen furent également relevées, et on lui demanda d’écrire un texte avec sa main gauche et sa main droite. Tous ces éléments furent analysés par des experts et comparés aux diverses preuves en possession de la police. Il n’y eut aucune correspondance. Un expert graphologue alla même jusqu’à affirmer que l’écriture d’Allen « n’était définitivement pas celle du tueur du Zodiac ». Allen passa également au détecteur de mensonge et le réussi.

L’affaire sembla entendue jusqu’en 1986, lorsque Robert Graysmith désigna Allen comme le tueur dans son livre « Zodiac ». Ce best-seller a été cité comme source de quasiment toutes les recherches entreprises par la suite sur cette affaire.

Graysmith avait été renseigné par des enquêteurs de la Bay Area, et avait mené une enquête personnelle au début des années 1980, sans rien trouver de particulièrement significatif. Allen restant toutefois le « suspect préféré » de nombreux enquêteurs de San Francisco, Graysmith avait suivi le mouvement, exagérant certains liens marginaux entre Arthur Allen et le Zodiac, mélangeant des rumeurs infondées avec des faits avérés afin de convaincre les lecteurs qu’il n’existait aucun doute sur l’identité du tueur.

En décembre 1990, lorsqu’un certain Ralph Spinelli fut arrêté pour vol à mains armées à Lake Tahoe, dans le Nevada, il tenta d’obtenir l’indulgence de juge en affirmant connaître l’identité du zodiac : nul autre qu’Arthur Leigh Allen. Craignant d’être condamné à 30 ans d’emprisonnement, Spinelli affirma qu’Allen lui avait dit en 1969 qu’il allait à San Francisco pour tuer un chauffeur de taxi. Coïncidence, peut-être, mais avant d’être condamné pour agression sexuelle sur un enfant, Allen n’avait jamais été arrêté que pour une bagarre… avec Spinelli.

Sous pression après le succès du livre de Graysmith et sachant que la propriété d’Arthur Leigh Allen n’avait pas été fouillée en 1972, la police de Vallejo présenta l’allégation de Spinelli comme une information de valeur et fouilla la cave d’Allen à Fresno Street. Les policiers y saisirent du matériel qui aurait pu servir à fabriquer une bombe, plusieurs armes à feu, un couteau, une machine à écrire et la montre « Zodiac » d’Allen. Tout fut envoyé au laboratoire du FBI pour analyse et comparaison : rien ne pu être lié aux crimes du Zodiac. Les empreintes d’Allen furent à nouveau soumises au labo du FBI, avec le même résultat négatif.

Les empreintes de doigts et de paumes, l’écriture et l’ADN d’Allen ne correspondent pas à celles du Zodiac. Plus de 30 ans d’enquête, par la police, les médias et des enquêteurs amateurs n’ont pas permis de produire la moindre preuve crédible et solide qui lierait Arthur Leigh Allen aux crimes du Zodiac.

Mensonges et contre-vérités. Le « mythe » Arthur Leigh Allen :

Allen n’avait jamais été nommé publiquement en tant que suspect. Si Robert Graysmith avait utilisé son véritable nom dans son livre (Zodiac), il aurait pu être accusé de diffamation. Il a donc changé le nom d’Arthur Leigh Allen en « Bob Hall Starr » et, utilisant ce pseudonyme tel un bouclier, Graysmith a pu déformer et exagérer les faits, omettre des preuves l’innocentant et inventer beaucoup de son histoire contre « son » suspect, sans craindre la moindre répercussion.

Graysmith et d’autres enquêteurs amateurs ont avancés des arguments qui se sont révélés mensongers, grossis ou mal interprétés.

Allen a été identifié par les victimes survivantes et les témoins : Faux

Jim Silver, agent au Department of Justice a demandé à Bryan Hartnell (Lac Berryessa) d’observer Allen lorsque celui-ci travaillait dans un magasin de Vallejo. Hartnell a regardé longuement Allen et lui a même parlé brièvement. Il a ensuite répondu à Silver : « Je ne peux pas vous dire que c’est lui ou que ce n’est pas lui ». Il a ensuite ajouté que sa voix ne lui semblait pas être celle du Zodiac. Les enquêteurs avaient montré à Michael Mageau des photos de plusieurs suspects quelques semaines après le crime mais n’avaient pas cherché à le localiser par la suite, ni à lui montrer d’autres photos. Michael Mageau n’avait vu le Zodiac que de profil et avait admit qu’il avait été incapable de voir réellement son visage dans l’obscurité et la panique… Un ancien officier de police de Vallejo, George Bawart, a retrouvé Mageau en 1991 et lui a présenté les photos de plusieurs hommes, dont Arthur Leigh Allen. Il lui a demandé si l’un de ces hommes pouvait être celui qui avait assassiné Darlene plus de 20 ans auparavant. Selon un rapport du FBI, Mageau a identifié Allen comme le Zodiac. Bawart décrit l’identification, expliquant que Michael Mageau a vu la photo d’Allen et a déclaré : « C’est lui, c’est l’homme qui m’a tiré dessus ». Il a affirmé être presque sûr de cette identification. Mais ensuite, il a pointé la photo d’un autre homme et a expliqué que le visage de cet homme-là était similaire à celui du Zodiac…

Une identification par l’une des victimes semble être une preuve solide. Toutefois, la description que Mageau avait faite du tueur, juste après avoir été blessé, ne correspond pas au physique d’Allen. Le témoignage de Michael Mageau peut également être sujet à caution. Tombé en dépression, il avait abusé de la drogue et de l’alcool pendant des années. De plus, le détective Ed Rust, qui avait interrogé Mageau après son agression, avait affirmé que Michael Mageau ne pourrait pas identifier son agresseur en 1969, car il ne l’avait qu’aperçu, de profil et dans l’obscurité. Il ne le pouvait pas en 1969. Le pouvait-il 22 ans plus tard ? Sans doute influencé par les médias, Michael Mageau a d’ailleurs modifié plusieurs fois sa version des faits à partir des années 1990, contredisant totalement ce qu’il avait expliqué à la police juste après son agression.

N’oublions pas non plus qu’Arthur Allen était soupçonné d’être le Zodiac par nombre d’habitants de la Bay Area, ce qui a pu influencer Mageau. Bien que Robert Graysmith ait utilisé un pseudonyme pour accuser Allen, des rapports du FBI et de la police, des mandats de perquisition, des articles de journaux et même le livre de Graysmith, montrent que beaucoup de policiers mais aussi de « civils » savaient que le véritable nom de ce suspect était Arthur Leigh Allen. La famille d’Allen, ses amis, ses voisins et ses employeurs savaient que la police avait enquêté sur son passé lors de l’enquête sur les crimes du Zodiac. Il s’était lui-même vanté à de nombreuses personnes d’être un suspect. Arthur Leigh Allen avait même été nommé dans l’émission télévisée « A current Affair » en 1988.

Les jeunes témoins qui avaient assisté au meurtre de Paul Stine, ainsi que l’officier Don Fouke, qui a aperçu le Zodiac quittant les lieux, ont affirmé qu’Arthur Leigh Allen n’était absolument pas l’homme qu’ils avaient vu ce soir-là.

Allen était craint par ses voisins, ses amis sa famille et ses employeurs. On le soupçonnait d’être le Zodiac : Faux

– L’inspecteur Mulanax a interrogé l’ancien employeur d’Allen, lorsqu’il travaillait dans une station service. Il l’a décrit comme quelqu’un d’honnête, efficace dans son travail mais qui montrait trop d’intérêt pour les jeunes enfants…

– Mulanax a également discuté avec les voisins d’Arthur Leigh Allen. Dans son rapport, il a écrit qu’Allen avait une excellente réputation parmi ses voisins, dont la plupart le connaissait depuis qu’il était enfant. Les voisins ne savaient pas que la police menait sur lui une enquête. Mulanax a découvert que « contrairement à des rapports précédents, les voisins ont affirmé qu’Allen était très dévoué à sa mère et elle à lui ».

– Mulanax et Toschi ont contacté Ted Kidder, le directeur du Greater Vallejo Recreation Department, pour lequel Allen avait travaillé comme nageur-sauveteur. Allen avait perdu son emploi parce que plusieurs parents s’étaient plaints de « nombreux actes contre leurs enfants ». Tout comme le propriétaire de la station service, Kidder n’avait pas prévenu la police des soupçons de pédophilie qui pesait sur Allen.

– La sœur et le beau-frère d’Arthur Leigh Allen ont été très surpris d’apprendre que la police s’intéressait à lui. Ils le considéraient comme un homme calme, gentil, et serviable. Ils ne le soupçonnaient absolument pas d’être le tueur. Lorsque la police est venue poser des questions à la sœur d’Allen, elle a répondu :« Je ne peux pas croire qu’il soit le Zodiac ».

– Robert Graysmith, dans son second livre sur l’affaire, « Zodiac Unmasked », a présenté la photographie d’une série de symboles que la belle-sœur d’Allen aurait écrits sous hypnose, puis lui aurait confié. Elle aurait vu ces symboles, fort ressemblant à ceux utilisés par le Zodiac dans ses messages codés, sur un courrier écrit par Allen. Contactée par la police, la belle sœur d’Allen a affirmé n’avoir jamais été hypnotisée, n’avoir jamais écrit ses symboles et ne les avoir donc jamais confiés à Graysmith.

Arthur Leigh Allen était un pédophile qui adorait les armes. Cela n’en fait pas un tueur en série.

Des preuves solides ont été découvertes chez Allen, le reliant directement aux crimes du Zodiac : Faux

La police a fouillé le sous-sol, le bateau et le mobile-home d’Allen. Ils n’ont jamais trouvé de preuve qui aurait pu le lier directement aux crimes du Zodiac. En 1991, Allen était en liberté conditionnelle : il n’aurait pas du posséder toutes les armes qui ont été retrouvées chez lui, ni les éléments qui permettaient de créer des explosifs. Et pourtant la police ne l’a pas arrêté. Pourquoi ?

Les enquêteurs savaient qu’ils avaient besoin de preuves plus solides s’ils voulaient qu’Allen soit inculpé des crimes du Zodiac. L’absence de preuve physique leur laissait peu d’options : ses armes ne correspondaient pas à celles utilisées par le Zodiac, son écriture ni ses empreintes n’étaient celle du tueur. Rien ne pouvait le relier aux armes, aux lettres ou aux empreintes du Zodiac. Si un procès avait eu lieu, Allen n’aurait pas été condamné.

Les enquêteurs devaient trouver d’autres preuves et préféraient attendre. Malheureusement pour eux, la perquisition du domicile d’Allen avait attiré l’attention de ses voisins. La rumeur se répandit rapidement : la police de Vallejo s’intéressait à Arthur Leigh Allen. Le tabloïd « The Napa Sentinel » publiait à ce moment-là des articles sur l’affaire du Zodiac. En mai 1991, il afficha sur sa première page que « Après 20 ans, la police de Vallejo perquisitionne à nouveau l’habitation du suspect principal ». L’article nommait Arthur Leigh Allen. L’identité du suspect ayant été révélée, les média concentrèrent leur attention sur Allen. Son nom se répandit dans toute la Bay Area et les journaux révélèrent qu’Allen était bien le fameux « Bob Hall Starr ». Le portrait que Graysmith avait fait d’Allen/Starr ne pouvait que lui porter préjudice et influencer négativement des jurés. Les perquisitions de la police de Vallejo menaient à penser qu’Allen était coupable. La police donnait l’impression d’avoir découvert des preuves lors des perquisitions.

Peu de gens savait que l’allumette qui avait ranimé cette enquête alors en suspend était l’affirmation invraisemblable d’un criminel, un ancien prisonnier qui cherchait à échapper à une condamnation à 30 ans supplémentaire…

Après la couverture médiatique insensée qui avait submergé la Bay Area, faisant espérer que la police avait obtenu des preuves incriminantes, le fait qu’Allen ne soit pas arrêté dérouta les habitants de la région. De nombreux observateurs exprimèrent publiquement leur doute sur la culpabilité d’Allen.

Les messages envoyés par le Zodiac ne peuvent pas être utilisés pour être comparés avec l’écriture d’un suspect, parce que le tueur utilisait l’écriture d’autres personnes et un agrandisseur photo pour rédiger ses courriers : Faux

Le Zodiac a écrit, avec sa calligraphie habituelle et bien reconnaissable (identifiée par plusieurs graphologues), le message sur la portière de la voiture de Bryan Hartnell. Il se serait donc promené avec un agrandisseur photo et son paquet d’alphabets tracés par d’autres personnes, aurait mis son système en place et aurait pris le temps de recopier les lettres sur la portière ? Tous les graphologues qui ont analysé ses lettres affirment qu’il a écrit lui-même, directement sur le papier, sans utiliser ce stratagème.

Selon la sœur de Darlene Ferrin, celle-ci se plaignait d’être suivie par un certain « Lee », le surnom d’Allen. Darlene aurait été témoin d’un meurtre commis par cet homme : Faux

Malheureusement, Pam Huckaby, la sœur de Darlene, semble être tellement obsédé par le meurtre de sa sœur qu’elle a fini par perdre pieds…

Personne d’autre que Pam Huckaby n’a parlé du fait qu’elle se sentait menacée ou qu’elle aurait été témoin d’un meurtre. Ses parents, ses amis, le reste de sa famille : personne n’en a parlé. Le seul homme qui lui tournait autour était un certain George Waters, un jeune homme avec qui Darlene avait refusé de sortir.

Pam Huckaby a – par la suite – reconnu en Lawrence Kane (un autre suspect) l’homme qui harcelait sa sœur.

Pam Huckaby a avancé que Darlene Ferrin avait fait du baby-sitting pour Betty Lou Jensen. La famille de Betty Lou ne l’a pas confirmé.

Pam a également affirmé que quelqu’un était entré chez ses parents pour brûler les visages des photos de famille. Dans un talk-show, elle a certifié être menacée, recevoir de petits cercueils ou des lettres codées depuis des années, et même avoir été assommée par le Zodiac, chez elle, 3 jours avant de se rendre à l’émission pour affirmer qu’elle connaissait son identité… qu’elle n’a pas révélée.

Elle a offert beaucoup d’ « informations » du même acabit à Robert Graysmith, qui les a inclus dans ses livres en les faisant passer pour des faits avérés.

Selon la sœur de Darlene Ferrin, celle-ci se plaignait d’être suivie par un certain « Lee », le surnom d’Allen. Darlene aurait été témoin d’un meurtre commis par cet homme : Faux

Malheureusement, Pam Huckaby, la sœur de Darlene, semble être tellement obsédé par le meurtre de sa sœur qu’elle a fini par perdre pieds…

Personne d’autre que Pam Huckaby n’a parlé du fait qu’elle se sentait menacée ou qu’elle aurait été témoin d’un meurtre. Ses parents, ses amis, le reste de sa famille : personne n’en a parlé. Le seul homme qui lui tournait autour était un certain George Waters, un jeune homme avec qui Darlene avait refusé de sortir.

Pam Huckaby a – par la suite – reconnu en Lawrence Kane (un autre suspect) l’homme qui harcelait sa sœur.

Pam Huckaby a avancé que Darlene Ferrin avait fait du baby-sitting pour Betty Lou Jensen. La famille de Betty Lou ne l’a pas confirmé.

Pam a également affirmé que quelqu’un était entré chez ses parents pour brûler les visages des photos de famille. Dans un talk-show, elle a certifié être menacée, recevoir de petits cercueils ou des lettres codées depuis des années, et même avoir été assommée par le Zodiac, chez elle, 3 jours avant de se rendre à l’émission pour affirmer qu’elle connaissait son identité… qu’elle n’a pas révélée.

Elle a offert beaucoup d’ « informations » du même acabit à Robert Graysmith, qui les a inclus dans ses livres en les faisant passer pour des faits avérés.

– Allen ne ressemblait pas au portrait robot établi par la police. Le Zodiac était décrit comme un homme trapu, massif, ce qu’était Allen. (Il mesurait 1m83 et pesait 110 kilos). Par contre, il est décrit comme ayant une chevelure châtain ou brune, et Allen était dégarni, les cheveux grisonnants. Il ne portait pas de lunettes.

– Allen était un pédophile. Il est extrêmement rare qu’un agresseur de jeunes enfants s’en prenne à des victimes qui ne soient pas des enfants. Il a été arrêté en octobre 1974 – après le dernier meurtre avéré du Zodiac – pour avoir sexuellement agressé un jeune garçon. S’il avait été le Zodiac, cela voudrait dire qu’il s’en serait pris à des couples avant de revenir aux agressions sexuelles d’enfants… Peu probable. Il a été condamné en mars 1975 et envoyé à l’hôpital prison d’Atascadero. Il a été libéré en août 1977. Il a été soupçonné d’autres attouchements par la suite.

– Il a réussi le test du détecteur de mensonge. Ce test est sujet à caution, ne serait-ce que par la technique utilisée. On sait qu’il est possible de confondre le détecteur de mensonge. Toutefois, Arthur Leigh Allen a été interrogé durant de longues heures et il serait surprenant qu’il n’ait pas craqué, ne serait-ce qu’une seule fois.

– Les nombreuses armes qu’il possédait n’ont pas été reliées aux crimes du Zodiac.

– Rien ne prouve qu’il connaissait Darlene Ferrin (et encore moins qu’il la suivait) ni aucune autre des victimes du Zodiac.

– Son écriture ne correspond pas à celle du Zodiac.

– Ses empreintes ne sont pas celles du Zodiac.

– Son ADN n’est pas celui du Zodiac.

Le nombre de preuves prouvant l’innocence d’Arthur Allen ont mené nombre d’enquêteurs en herbe à chercher des failles dans la vérité. Lorsque les empreintes digitales et palmaires d’Allen s’avérèrent ne pas correspondre à celles relevées sur les scènes des crimes, on émit des doutes sur la légitimité de ces empreintes malgré la confiance que portait en elles la police. Lorsque l’écriture d’Allen fut déclarée différente de celle du Zodiac, on proposa une histoire d’agrandisseur photo et de recopie. Lorsqu’Allen réussi le test du détecteur de mensonge (qui dura 10 heures), on affirma qu’il était un psychopathe et pouvait donc tromper la machine…

En 2000, les nouvelles technologies d’analyses ADN ont permis de comparer l’ADN du Zodiac, prélevé sur les enveloppes et les timbres envoyés à la police et aux journaux, au profil ADN de Arthur Leigh Allen. Les ADN étaient différentes. En 2002, de nouvelles analyses ont été réalisées, sur d’autres lettres et enveloppes, avec le même résultat.

En proposant de “preuves” de sa culpabilité, les accusateurs d’Allen ajoutent leurs propres failles. Arthur Leigh Allen peut être « situé » à Riverside en 1966, mais peut également être « situé » à Santa Rosa. Le récit de Cheney est souvent cité comme preuve, mais pas ses innombrables modifications ni son calendrier incertain. L’accusation de Spinelli est également acceptée par certains, mais ses relations acrimonieuses avec Allen, sa peur d’être condamné à une lourde peine de prison, et ses 20 années de silence sont minimisées.

Selon certains, Allen avait accès à une voiture semblable à celle qu’a déclaré avoir vu l’une des victimes. La vérité est qu’à ce moment-là, Allen ne conduisait plus cette voiture de fonction car il avait été licencié 3 mois auparavant.

Allen possédait d’étranges lettres codées dans une boîte. Elles lui avaient en fait été envoyées par un patient d’Atascadero.

Le Zodiac aurait soudainement cessé d’envoyer des lettres lorsqu’Allen était lui-même à Atascadero. En fait, le Zodiac avait cessé d’en expédier 8 mois plus tôt.

Pédophile reconnu, Allen était, comme le Zodiac, intéressé par « les petits enfants ». Mais les pédophiles qui tuent en dehors de leur « groupe cible » sont extrêmement rares.

Dans l’ensemble, les coïncidences sont convaincantes, mais lors de l’examen de chacune, l’affaire Allen devient une véritable pelote de fil : tirez dessus, et elle s’effiloche en miettes.

Author

alice.peschon@gmail.com

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